Histoire

De la Mer à l’Ardenne

Tout au long de son histoire, le centre a traversé bien des épreuves tout en maintenant le cap : venir en aide à l’enfance défavorisée.

Tout commence avec « L’Assistance discrète à l’Enfance Débile de Bruxelles », une association qui fut créée de manière définitive au lendemain de la Première Guerre mondiale.

Il « était alors impérieux » de venir en aide aux mamans et aux enfants des soldats et prisonniers de guerre en leur procurant le trousseau d’habillement, des aliments, des médicaments, des chaussures…

L’action se prolongea en 1919 à travers « L’Assistance Discrète aux Pré tuberculeux Laekenois ». Elle vient en aide aux jeunes enfants de 6 à 12 ans en mauvaise santé (enfants affaiblis, pré tuberculeux …).

L’objectif était alors de permettre aux petits malades de séjourner dans un sanatorium. Les fondations des «Glaïeuls» se mettaient ainsi lentement en place.

En 1925, l’association achète la villa maritime de Blankenberghe.  C’est donc là que commencent à fleurir  « Les Glaïeuls».

De 1921 à 1940, ce ne sont pas moins de 2.769 enfants qui ont bénéficié du séjour à la mer. Grâce aux œuvres du journal « Le Soir », des dizaines d’enfants défavorisés de la capitale purent y séjourner. En 1943, la villa (non occupée durant la guerre) est complètement détruite.

Tout a disparu lors de cet épisode et l’asbl devra tout recommencer dès 1946.

Grâce à des « Dommages de guerre » et un travail de recherche de fonds, le comité loue une grande villa à Coxyde (capacité 70 enfants).

L’œuvre fut agréée pour la première fois par l’O.N.E (l’Oeuvre Nationale de l’Enfance), au cours de l’année 1946. Un nouvel immeuble fut acquis à Saint-Idesbald. De cette année à 1982, le Centre ne désemplit plus et reste ouvert toute l’année. Deux classes primaires francophones y fonctionneront.

La réforme des structures de l’État belge eut raison de l’implantation francophone des « Glaïeuls » en région flamande. L’O.N.E s’étant communautarisée, il n’était plus question d’être subsidié pour des enfants francophones en Flandre.

En 1983 Les Glaïeuls quittent la mer.  Direction la Wallonie, les Glaieuls  s’enracinent  à Paliseul, dans le quartier de Beth. Les enfants sont hébergés dans l’ancienne Abbaye des Abbys au cœur de l’Ardenne.  Les textes qui suivent sont rédigés par Jacques Duboisdenghien, Président de l’asbl.

En 2013, nous avons fêté les 100 ans d’existence de notre association.  Le centre est agréé et subsidié par l’ONE. Il accueille des enfants de l’Aide à la Jeunesse. Ils séjournent dans le centre le temps que la situation de leur famille se stabilise. Les enfants sont scolarisés dans les écoles avoisinantes. Le centre fait partie des services d’accueil spécialisé de la petite enfance.

BlankenbergeClemskerkeCoxydeSt IdesbaldPaliseul
1927-28
1929-1940
1946-1948
1949-1983
4 septembre 1983

La Villa de Blankenberghe

En trois ans, les fonds nécessaires ont été prélevés sur les recettes générales et sur les souscriptions particulières. C’est donc en juillet 1926 que le Conseil a fait l’acquisition de la villa  « Les Glaïeuls » , située en, plein cœur de Blankenberghe, rue Elisabeth, n° 26, à 100 mètres de la plage et y donnant accès par petit viaduc. Cet établissement pourra héberger 100 enfants du 1er mai au 30 septembre de chaque année, à raison de 20 enfants par mois. Les pensionnaires, à charge uniquement de notre asbl, jouissaient de la gratuité entière du séjour, nourriture et entretien,, ainsi que de tous les frais de voyage. Ils obtenaient en outre un trousseau d’habillement. Seuls les enfants débiles ne présentant aucun signe de maladie caractérisée y étaient admis. De plus, en ce qui concerne l’âge d’admission, l’œuvre avait fixé pour les deux sexes, les limites de 6 à 15 ans. Les départs seraient réglés de telle sorte qu’on évite la présence simultanée de filles et de garçons.

A partir de 1927, se crée un Comité d’Honneur ; nous y retrouvons : Adolphe Max, Ministre d’Etat, Bourgmestre de la Ville de Bruxelles ; Camille Bogaerts, médecin de la Maison du Roi ; H. Villers, administrateur-Trésorier des œuvres de S.M. la Reine Elisabeth ; Messieurs Coelts, Van de Meulebroeck, Jacqmain et Pattou, échevins de la Ville de Bruxelles. Les œuvres du journal  » Le Soir  » permettent à 35 enfants débiles de la capitale de séjourner un mois dans la villa maritime  » Les Glaïeuls « . Monsieur Mangeschotz, secrétaire de l’asbl, précise dans son rapport annuel que la villa a été louée à des particuliers durant la saison balnéaire de 1926. Pendant l’hiver de la même année la villa fut complètement restaurée et le mobilier qui ne convenait pas pour l’installation d’une pension pour enfants fut réalisé au profit de l’œuvre et remplacé par du mobilier adapté aux enfants.

Le service médical est assuré par le docteur Haams de Blankenberghe. La direction de la villa est confiée à Mademoiselle Pelletier.

Au cours de l’exercice 1928, la capacité de logement de la villa a été portée à 28 lits. Celle-ci a été ouverte pendant 9 mois et 249 enfants y ont séjourné dont 86 provenant des écoles de la Ville et pris en charge par  «  Le Soir » .

La Villa de Clemskerke

Ce bâtiment est aussi appelé « de zwarte villa » ; un  sobriquet qui provenait de l’abri goudronné qui datait de la guerre 14-18.

1929 est l’année de l’achat d’une nouvelle villa à CLEMSKERKE. Celle de BLANKENBERGHE étant devenue trop étroite pour y pratiquer un hébergement valable. De plus le trafic y était très intense. L’année 1930 a été l’occasion pour l’œuvre d’expérimenter la possibilité d’un fonctionnement ininterrompu durant les 12 mois de l’année. L’expérience n’a pas donné les résultats espérés, le recrutement des contingents ayant été déficitaire pendant les mois d’hiver. En conséquence, l’établissement a fermé ses portes le 15 novembre pour les rouvrir au printemps. Erigée dans un cadre de verdure, à 200 mètres à l’intérieur de la Route Royale, en face du  « Golf Club » la  « Villa Marine Les Glaïeuls  » est alors dirigée par Madame Trittaert et Madame Van Dooren.

Comme toutes les œuvres philanthropiques, notre asbl n’a pas échappé à l’ambiance maussade générale de l’époque et elle espère en une reprise économique pour 1936 afin de rendre aux œuvres les ressources dont elles ont besoin pour rénover leur activité. En effet, si le nombre de membres est toujours de plus de 400, les recettes sont passées de 180.405 F (1930) à 78.119 F (1935). Dans nos archives (assez rares parce que perdues mais surtout détruites durant la seconde guerre mondiale) nous retrouvons un article du journal Le Soir du mois d’août 1938, intitulé :  »

La lutte contre la tuberculose à la Villa marine Les Glaïeuls de CLEMSkERKE-LEZ-OSTENDE et signé par J.G. LONDOS. Un nom que nous retrouverons régulièrement au bas d’articles relatifs à la vie de notre asbl durant quelques années. C’est dans le rapport de 1938 que je retrouve pour la première fois le nom de René Vandevelde comme administrateur. Un membre dont nous reparlerons très souvent encore et qui, à l’heure où je rédige ce texte, est toujours actif au sein de l’asbl. Vous comprendrez, plus tard, dans les années 60, pourquoi je relève le nom de cet administrateur. En 1939, après le décès de notre Président d’honneur, Adolphe Max, c’est le nouveau Bourgmestre de la Ville, Monsieur Van de Meulebroeck qui le remplace. Mais cette année est fortement troublée par des événements internationaux et la Villa ne restera ouverte que du 1er avril à la fin du mois d’août. Le Comité ayant jugé opportun de suspendre l’exploitation à dater du mois de septembre, en présence de la tension internationale et l’inquiétude qui régnaient dans le pays. Une partie des activités de l’œuvre va ainsi s’arrêter entre 1939 et 1946, à savoir les séjours à la mer. Les activités du Conseil d’Administration sont forcément très réduites aussi dans Bruxelles cause des événements et de l’impossibilité de s’approvisionner en lait, œufs et lard (produits essentiels à l’alimentation des prétuberculeux). Mais une autre aide s’organise : la distribution, en début d’hiver, de vêtements chauds, de linge, de chaussures, de pantoufles, … Signalons ici aussi le travail des  « Gais Philanthropes  » qui, malgré la guerre, collectent toujours pour l’œuvre.

Dans le rapport de 1943, nous lisons :  Nous avons le regret de vous apprendre, Mesdames et Messieurs, qu’au cours de l’année écoulée, notre Villa Marine  « Les Glaïeuls  » de CLEMSKERKE a été détruite. Cette Villa, à laquelle chacun d’entre nous s’intéressait tant et où chaque année environ 200 enfants chétifs des écoles de la Ville de Bruxelles pouvaient passer des séjours réconfortants d’un mois, nous vient donc à manquer alors que par suite des privations dues à la guerre, le nombre d’enfants chétifs a augmenté de façon effrayante. Notre devoir est maintenant de nous consacrer à l’étude pour la construction, dans le délai le plus court après la guerre, d’un home moderne et de réunir les fonds nécessaires à cette nouvelle installation.  » Essayons de nous mettre à la place de ce Comité qui venait d’investir énormément lors de l’achat de cette nouvelle villa, qui voyait ainsi disparaître non seulement les bâtiments mais tout le mobilier et le matériel qu’ils renfermaient…. Car lorsqu’on observe les photos prises, après la guerre, de ce qui restait de la  » Villa Marine Les Glaïeuls « , on y voit quelques murs… c’est tout ! Je signalerai ici que cette Villa  » se trouvait dans le chemin des canons allemands  » d’où l’élimination pure et simple de l’obstacle… ! Je relèverai aussi cette volonté du Comité qui, dès 1943 étudie déjà la construction d’une nouvelle villa alors que personne ne peut dire quand et comment se terminera la guerre. Je vous avouerai franchement que je n’ai pas trouvé les adjectifs qui les qualifieraient, comme il se doit, dans pareilles circonstances. En 1944, l’activité est toujours réduite mais, chaque jour, pendant plusieurs mois de l’hiver, le Comité distribue aux enfants nécessiteux, une ration de pâté de viande avec la soupe scolaire (il n’était pas question de beurre ni de confiture à ce moment). Cette même année, les Administrateurs apprennent qu’un grand lot de vêtements, linge et literie provenant de la Villa de CLEMSKERKE avait été mis à l’abri, dès le mois de mai 1940, chez le personnel de la villa et cela, grâce à l’initiative de la Directrice du home.

Les fondateurs

La Villa de Coxyde

La villa de CLEMSKERKE étant complètement démolie, le Comité décide de louer une spacieuse villa à COXYDE (l’ancienne pension Lehouk, au village). Dès le mois de mai cette villa est complètement équipée et peut accueillir chaque mois de 60 à 70 enfants.

L’œuvre est agréée pour la première fois par l’œuvre Nationale de l’Enfance, au cours de l’année 1946. La directrice est toujours Madame Van DOOREN. Le comité décide d’introduire une demande de dommages de guerre pour la villa de Clemskerke.

Toujours à propos de cette fin de guerre, nous ne pouvons passer sous silence ce que j’appellerai :  » L’opération U.S. dans nos Ardennes  » Effectivement, à la fin de l’Opération Von Runsted dans le Sud de la Belgique, le Comité (en la personne de son président René VANDEVELDE) s’est rendu dans les Ardennes pour y rechercher du mobilier U.S. Comme je l’explique plus en détails, dans le chapitre  » Les œuvres du Soir aiment les Glaïeuls  » c’est au cours d’une réunion du  » Groupe des 8 du vendredi  » que Monsieur Lucien CREPLET (secrétaire général du Soir) décide avec notre Président de rencontrer le Ministre Communiste de la Santé de l’époque, Monsieur le Docteur Albert MARTEAU. Ce dernier nous accorde un bon pour obtenir une  » Unité américaine « . Cette Unité comprenait des lits, matelas, tables, chaises, armoires et autre petit matériel que les troupes U .S. laissaient sur le terrain. Il faut signaler aussi que ce  » déménagement  » s’est effectué dans des conditions de sécurité à la limite … en effet, nos  » déménageurs  » se trouvaient tout près des combats et le bruit du canon y était très perceptible ! Ce soir-là, dès que l’important camion fut rempli, personne ne s’attarda sur le terrain … C’est avec ce mobilier que l’asbl a rééquipé la villa de COXYDE.

Jusqu’en 1980 nous avons utilisé ce mobilier « U.S.Army » . A propos du dossier  » Dommages de Guerre « Nous disposons encore de certains documents d’époque qui permettent de retracer cette action. Dès le 15 septembre 1943, la  » Kriegskommandantur Brügge  » adressait une lettre au Bourgmestre de CLEMSKERKE à ce sujet. Ce dernier confirmait au président de notre asbl (lettre du 22/03/1946) que la villa était complètement détruite. Du procès-verbal de constat et d’estimation de dommages de guerre relatifs aux dégâts mobiliers (documents du 26/12/46), il ressort que tout a été complètement détruit. Petite anecdote à ce sujet, il apparaît que les dégâts causés par l’armée allemande s’élèvent à 39.608 Fr mais à cela s’ajoutent les dégâts causés par l’armée française, soit 1.800 Fr (celle-ci avait emporté en 1940 une cabine en bois pouvant abriter 30 enfants). L’indemnisation des dommages sera accordée dès le 16 septembre 1950.

Les activités de l’œuvre vont alors reprendre force et vigueur, aussi bien au niveau du Comité, de la Ville et du journal « LE SOIR » qu’au niveau des séjours dans la villa de Coxyde. La directrice est maintenant Madame SCHMIDT. Celle-ci accueille, dès 1948, des stagiaires de l’Ecole Normale E. DEMOT.

Les Glaïeuls fleurissent à St Idesbald

Le bail de la villa de COXYDE touchant à sa fin, le Conseil d’Administration s’est mis en devoir de prospecter le littoral en vue de l’acquisition d’un autre immeuble. Leur choix s’est porté sur un bel et spacieux immeuble sur la Digue de Mer à SAINT-IDESBALD. Cette demeure était la  » seconde résidence  » d’un Comte de la région gantoise. Je reprends, ci-dessous, les paroles du président René VANDEVELDE à ce sujet :  L’Assistance Discrète, à l’Enfance Débile de Bruxelles a inauguré le 27 mars 1949 sa nouvelle « Les Glaïeuls  » à St IDESBALD (dont elle est devenue propriétaire). C’est une date importante dans l’histoire de l’œuvre. Elle marque l’aboutissement d’un effort tenace. Cette maison est le fruit de l’amitié qui unit ceux qui ont contribué à poser cet acte de volonté et de confiance’ en l’avenir.

J.G. LONDOS disait dans LE SOIR du 3 avril :  » Dans le passé, un gosse revenant des Glaïeuls ramenait une assurance-santé. Dans le présent, à en juger par les progrès et par les réalisations que nos lecteurs ont permis et permettront, ces résultats seront dépassés « . Nous espérons, Monsieur LONDOS, qu’il en sera ainsi. Nous préparons nos enfants physiquement et moralement à un monde que nous voulons fort et charitable. Nous souhaitons que cette jeunesse nous quitte avec une flamme ardente dans les yeux. Ce sera notre plus beau cadeau. Remercions ceux qui nous aidés. Que leurs noms soient gravés en nos mémoires. Notre maison est dorénavant ouverte à tous ceux qui formeront demain, espérons-le, la cohorte des hommes et des femmes de bonne volonté. Qu’en une chaîne fraternelle ils se disent sur le seuil de notre porte :  » Ce n’est qu’un au revoir, les frères… «

LES GLAIEULS DECOUVRENT L’ECOLE … !

A partir du 1er avril 1950, la Villa  » Les Glaïeuls  » s’ouvre de manière permanente. Cette décision très importante du Comité entraîne une conséquence non moins importante, à savoir que nous devons aussi penser maintenant à l’instruction des enfants que nous allons héberger. Chaque membre est bien conscient que l’asbl aborde là une très importante mais combien difficile étape. Tout va reposer sur les épaules du président René VANDEVELDE, le seul enseignant du Conseil d’Administration mais qui peut compter sur la formation pédagogique universitaire de son épouse (qui lui a fait connaître  » Les Glaïeuls  » à son mariage) Madame Yvonne CANTINAUX (la fille d’Alfred CANTINAUX, Trésorier général de l’asbl et membre fondateur). Deux classes dirigées par deux institutrices vont ainsi fonctionner à SAINT-IDESBALD. Elles seront rapidement reconnues par le Ministère de l’Instruction Publique sous le vocable  » Ecole adoptable – Villa Les Glaïeuls « . Petite remarque administrative à ce sujet : nous nous trouvons en Flandre et nous donnons un enseignement en Français ; tous les documents administratifs sont donc en Néerlandais et nous serons soumis à deux inspections scolaires. Cette grande amélioration entraîne toute une organisation nouvelle au niveau de la Villa, à commencer par les classes (qui fonctionneront dans le second bâtiment qui compose cette nouvelle propriété) et ensuite tout le mobilier et le matériel. Dès 1951, 500 enfants débiles vont séjourner à SAINT-IDESBALD, soit 16.000 journées de cure. Mais, autre problème d’importance, étant donné que ces enfants ne séjournent généralement qu’un mois à la Villa, le suivi pédagogique est plus difficile ; il faut une bonne coordination entre école et l’école d’où provient l’enfant pour éviter les redites et surtout les retards par rapport aux condisciples restés à Bruxelles. Ceci entraînera pour le président un travail très important de préparation de notre enseignement à la mer et aussi pour sensibiliser convenablement les différents enseignements de la Villa. Ce ne sera pas le travail le plus simple, croyez-moi. Afin de faciliter le travail des institutrices, un mois ce sont des enfants de 6 à 9 ans qui partent, l’autre mois ce sont des enfants de 9 à 12 ans.

Certes les institutrices disposent d’un matériel unique à pouvoir exploiter… la mer, la plage et les dunes mais nous ne devons surtout pas oublier que ces enfants sont à la mer parce qu’ils ont besoin d’air ; nous devons soigner et instruire.

Voici, tiré du bulletin n°5  » Les échos des Glaïeuls  » un article signé par Nicole MACHIELS : institutrice en 1961 :

«  Echos de notre école.

Bien que pendant leur séjour aux  » Glaïeuls « , les enfants doivent profiter au maximum de l’air marin, il ne faut pas qu’ils subissent un retard scolaire grave ; aussi reçoivent-ils cinq heures de cours par jour : le matin de 8h45 à 11h15 et l’après-midi de 15h45 à 18h. Pendant ces quelques heures nous veillons surtout à éviter le retard dans les branches de base c’est-à-dire : le français et le calcul à quoi se joignent pour les plus grands l’histoire, la géographie et les sciences. L’ensemble des cours est basé sur l’étude du milieu. Pour l’histoire, les deux grands centres sont l’Abbaye des Dunes à Coxyde et le monument de Léopold 1er à La Panne. Après avoir vu ce monument, un enfant fut tellement imprégné par l’histoire de la Révolution de 1830 qu’au moment où je corrigeai son texte je vis à mon plus grand étonnement que nous avions fait un bond de 131 ans dans le temps ; en effet, la date mise en tête de la page indiquait : jeudi, le 20 avril 1830. En général, l’intérêt suscité par les  » vrais  » squelettes, des  » vrais  » moines de l’Abbaye des Dunes est lui aussi très grand. En géographie nous répondons surtout, en les développant aux questions :

Par où sommes-nous passés pour venir de Bruxelles ? Où arrivons-nous en allant vers La Panne ? Où arrivons-nous en allant vers Ostende ? Qu’y a-t-il de l’autre côté de la mer ?

En sciences toutes les richesses sont à notre portée sur la plage : coquillages, algues et poissons. Il est d’ailleurs amusant de noter que nos enfants, après avoir ramassé avec une sorte de fièvre toutes les sortes de coquillages, finissent très vite par limiter leurs recherches aux coquillages  » rares « , et certains grands nous ont déjà quitté avec de jolies petites collections obtenues grâce à de patientes recherches ou de judicieux échanges avec les plus petits. »

Chaque mois de l’année, soixante enfants de 6 à 14 ans vont ainsi se rendre à SAINT IDESBALD en car grâce aux œuvres du Soir. Quelques jours avant le départ, les enfants sont convoqués à la visite médicale qui se déroule à l’Ecole 33, rue Thys Van Ham à Bruxelles. Les parents y apportent la valise et on y vérifie le trousseau. Ce travail est pris en charge par les épouses des administrateurs. L’encadrement des enfants, durant les voyages, est assuré par les administrateurs. Tout ce travail est bénévole, nous n’insisterons jamais assez. A leur arrivée et au retour les enfants seront vus par le médecin attaché à la Villa.

Voici en quelques chiffres ce qui va nous permettre de mesurer le chemin parcouru et surtout le travail accompli par les administrateurs depuis le premier envoi d’enfants au bord de la mer. De 1921 à 1940, soit en 20 ans, 2.769 enfants ont bénéficié de la mer. De 1946 à 1952, soit en 7 ans, 2.702 enfants en ont bénéficié. Ces chiffres se passent de commentaire.

1983 : les Glaieuls s’implantent en Wallonie

Effectivement, les réformes des structures de l’Etat belge pour en arriver à la Belgique fédérale, en passant par la communautarisation et la régionalisation, ont eu raison de notre implantation francophone en région flamande.

Voici ce qu’écrit Jean Charlier dans Espace de Libertés 225/Novembre 1994, sous le titre « Les Glaïeuls, Centre d’accueil et de vacances »  Reste, il faut bien le souligner, face au pluralisme social et philosophique affirmé par les responsables du Centre, le fait que le  » culturel « , au sens  » communautaire  » du mot, s’accommode mal du pluralisme et qu’au moment où chacun s’accorde pour souhaiter que les religions cessent de séparer les enfants dans les écoles, il faut bien accepter, en Belgique, que la langue qu’ils pratiquent conditionne l’organisation de leurs séjours de santé… ou de vacances !

L’œuvre Nationale de l’Enfance s’est aussi scindée en deux. Nous avons bien dû comprendre, entre 1980 et 1982, que si nous voulions encore exister et aider les familles en détresse et les enfants défavorisés francophones, nous devions…. quitter la mer.

Notre capacité a été réduite, par l’ON.E., à un point tel que nous étions étranglés financièrement (alors que nous refusions des enfants chaque mois). Nous avons dont dû nous rendre à l’évidence et chercher ailleurs… ? Entre-temps, je suis devenu président de notre asbl et je propose de continuer notre action dans les Ardennes. Des équipes de prospection sont créées (composées d’administrateurs de notre asbl), ma femme prend les contacts avec les notaires et les sociétés immobilières et après un mois, 17 propriétés sont retenues. Nous les visitons, un dossier avec photos est établi pour chaque propriété afin d’être présenté à la prochaine Assemblée Générale. A cette occasion, la décision pénible de vendre Les Glaïeuls de St Idesbald est prise et la proposition de retenir le Château des Abbys est accepté. Les formalités notariales sont effectuées de part et d’autre. La Villa de St Idesbald est vendue à un promoteur qui accepte de conserver le nom  » Glaïeuls « , mais tout le reste disparaîtra… ! (je suis resté au moins deux ans sans retourner sur la digue). Pour ce qui est de l’achat de Paliseul, une propriété de 10 hectares avec trois bâtiments, nous serons aidés par la Communauté Française, la Loterie et l’Opération 48 81 00. Nous rassemblerons l’argent et deviendrons propriétaires de ce splendide ensemble, en août 1983.

Les dernières vacances sont organisées jusque fin août 83 à St Idesbald. Dès que du mobilier n’est plus utilisé, il est acheminé vers Paliseul par des parents d’enfants. Le dernier jour, les enfants de notre Centre d’Accueil vont déjeuner à St Idesbald, prendre le car pour dîner le long de l’autoroute et souper dans leur nouveau Centre d’Accueil de Beth/Opont… ! (le 4 septembre 1983). Le Centre n’aura pas été fermé une seule journée, ce qui était la grande condition de l’O.N.E. Vous imaginez la situation, deux équipes d’encadrement (une qui termine à la mer et qui ne sera pas engagée à Opont et l’autre qui débute dans les Ardennes), deux équipes d’entretien et cuisine (même situation du personnel que pour l’encadrement). Derrière le car, deux gros camions de la firme Charlier à Paliseul qui déménage tout le reste. Pour la mise en place à Opont, grâce à notre nouveau cuisinier Léon Ancion, nous avions une grande équipe de déménageurs : l’équipe de football de Carlsbourg. En un rien de temps, cet énorme camion a été vidé, tout a été déposé dans les locaux appropriés et le soir, les chambres étaient fonctionnelles et le premier repas chaud était servi. Une réalisation rendue possible grâce à la participation très active de nombreux administrateurs et amis. Ainsi peut débuter la période ardennaise…